36
Jusqu’à ce qu’un homme atteigne l’âge de vingt et un ans, il croit régulièrement que, si les circonstances le demandaient, il pourrait être le plus grand voyou du monde. Si j’allais en Chine étudier les arts martiaux dans un monastère, à condition de bosser dur pendant dix ans… Si ma famille était exterminée par un dealer colombien et si je faisais le serment de la venger… Si j’attrapais une maladie incurable, et qu’il ne me reste plus qu’un an à vivre, je consacrerais ce temps à assainir les rues de toute criminalité… Si je laissais tout tomber pour devenir un super-caïd…
Hiro était comme ça à un moment lui aussi. Mais il a rencontré Raven. D’une certaine manière, ça a été libérateur pour lui. Il n’a plus à se préoccuper de devenir le plus grand voyou du monde. La place est prise. La touche finale, celle qui met le leadership de la vraie voyouterie de classe internationale totalement hors de sa portée, c’est la bombe H. Sans la bombe H, un mec pourrait se sentir enclin à avoir des prétentions au titre. Il trouverait peut-être le talon d’Achille de Raven. Il s’approcherait en douce, il lui balancerait un pain, il lui filerait un gnon derrière la tête, il lui réglerait son compte vite fait. Mais avec le parapluie nucléaire qu’il a, cet enculé, le titre mondial n’est plus à la portée de personne.
Ce qui n’a pas d’importance, finalement. Quelquefois, il suffit d’être un tout petit peu voyou. De connaître ses limites. De faire avec ce qu’on a.
Dès qu’il s’engage sur l’autoroute, en direction des montagnes, il se branche sur son bureau. La Terre est toujours là, avec le même zoom sur le Radeau. Hiro contemple le spectacle, en demi-teintes bleuâtres et fantomatiques, en surimpression par rapport à la route tandis qu’il fonce vers l’Oregon à deux cent vingt kilomètres à l’heure.
De loin, ça paraît plus important que ça ne l’est en réalité. En s’approchant, il s’aperçoit que l’illusion est créée par un nuage tache d’huile enveloppant, auto-alimenté, de rejets liquides et de pollution atmosphérique qui se fondent à l’interface de la mer et de l’air.
Cela orbite sur le Pacifique dans le sens des aiguilles d’une montre. Quand l’Enterprise fait donner ses chaudières, il peut contrôler légèrement sa direction, mais toute navigation réelle est une impossibilité pratique du fait de toutes les merdes qui lui sont accolées. Le Radeau va surtout là où le vent et l’effet Coriolis l’emmènent. Il y a deux ans, il se trouvait au large des Philippines, du Vietnam, de la Chine et de la Sibérie, où il ramassait les Réfus. Puis il a remonté la chaîne aléoutienne et descendu la queue de l’Alaska. À présent, il vogue devant la petite ville de Port Sherman, Oregon, non loin de la frontière californienne.
Tandis que le Radeau parcourt le Pacifique, principalement porté par les courants océaniques, de gros morceaux s’en détachent parfois et finissent par échouer dans des endroits comme Santa Barbara, toujours attachés ensemble et transportant une cargaison de squelettes et d’ossements rongés.
Quand le Radeau arrivera en Californie, il entrera dans une nouvelle phase de son cycle de vie. Il se débarrassera d’une grande partie de sa masse improvisée lorsque des centaines de milliers de Réfus se détacheront du reste pour gagner le rivage à la rame. Les seuls Réfus qui arrivent jusque-là sont, par définition, ceux qui ont été assez agiles, au départ, pour se faire une place sur le Radeau et qui ont eu assez de ressource pour survivre au passage atrocement lent des eaux arctiques sans se faire massacrer par d’autres Réfus plus coriaces. De braves types, tous, au demeurant. Exactement le genre de mecs que vous avez envie de voir se pointer au large de votre plage privée par petits paquets de quelques milliers.
Réduit à un certain nombre de gros bâtiments un peu plus manœuvrables, l’Enterprise se lancera alors dans la traversée du Pacifique Sud, vers l’Indonésie, où il mettra de nouveau cap au nord pour entamer son cycle de migration suivant.
Les fourmis guerrières, pour traverser les fleuves les plus puissants, grimpent les unes sur le dos des autres et forment ainsi une petite boule qui flotte. Beaucoup d’entre elles tombent et se noient, et il est évident que celles qui sont dans la partie inférieure de la boule se noient aussi, mais celles qui sont assez rapides et vigoureuses pour rester au sommet en réchappent. Pas mal d’entre elles survivent à la traversée, et c’est pour cela qu’on ne peut pas arrêter une armée de fourmis en lui dynamitant ses ponts.
Comme les fourmis, les Réfus traversent le Pacifique, même s’ils sont trop pauvres pour se payer un passage à bord d’un vrai navire ou pour s’acheter un bateau qui tienne la mer. Tous les cinq ans environ, une vague nouvelle arrive sur la côte Ouest, quand les courants y ramènent l’Enterprise.
Depuis quelques mois, les propriétaires de maisons ou d’immeubles du littoral californien recrutent des forces de sécurité privées, installent des projecteurs et des clôtures le long de la mer et montent des mitrailleuses sur leurs yachts. Ils sont tous abonnés au Programme de surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre du Radeau organisé par la CIC, et ils reçoivent les dernières nouvelles par satellite. Ils savent exactement à quel moment le tout dernier contingent de vingt-cinq mille Eurasiens affamés s’est détaché de l’Enterprise pour plonger ses myriades d’avirons dans l’océan, comme autant de pattes de fourmis.
— Il est temps de reprendre nos recherches, annonce-t-il au Bibliothécaire, mais il faudra que ce soit entièrement verbal, parce que je roule en ce moment sur la I-5 à une vitesse assez incroyable et je suis obligé de prêter attention aux tires plus lentes et à toutes les limaces qui encombrent la voie.
— J’y penserai, fait la voix du Bibliothécaire dans son casque. En attendant, faites attention au poids lourd en accordéon au sud de Santa Clarita. Et il y a un gros nid-de-poule sur la voie de gauche juste avant la sortie pour Tulare.
— Merci. Qui étaient tous ces dieux, finalement ? Lagos avait-il son idée là-dessus ?
— Il pensait qu’il s’agissait peut-être de magiciens, c’est-à-dire d’êtres humains normaux dotés de pouvoirs particuliers, ou peut-être d’extraterrestres.
— Hé, ho ! Une seconde. Procédons par ordre. Qu’entendait-il au juste par « des êtres humains normaux dotés de pouvoirs particuliers » ?
— Supposons que le nam-shub d’Enki ait réellement fonctionné comme un virus. Supposons également que ce soit un individu nommé Enki qui l’ait inventé. Cet Enki devait donc posséder une sorte de pouvoir linguistique dépassant notre conception de la normale.
— Comment un tel pouvoir aurait-il opéré ? Selon quel mécanisme ?
— Je ne puis vous fournir que des références directes utilisées par Lagos.
— Très bien. Quelles sont-elles ?
— La croyance dans les pouvoirs magiques du langage n’est pas rare, aussi bien dans la littérature mystique que dans les écrits traditionnels. Les kabbalistes – ces mystiques juifs d’Espagne et de Palestine – pensaient que l’on pouvait acquérir une connaissance et des pouvoirs supranormaux en combinant d’une certaine manière les lettres du nom divin. Par exemple, Abou Aharon, un kabbaliste des premiers temps qui émigra de Bagdad en Italie, accomplissait, disait-on, des miracles grâce au pouvoir des noms sacrés.
— De quelle sorte de pouvoir sommes-nous en train de parler ?
— La plupart des kabbalistes étaient des théoriciens uniquement intéressés par la méditation pure. Mais il y avait aussi ceux qu’on appelait des « kabbalistes pratiques », qui s’efforçaient d’appliquer les pouvoirs de la Kabbale à la vie de tous les jours.
— Autrement dit, des sorciers.
— Oui. Ces kabbalistes pratiques se servaient de ce que l’on appelle un « alphabet archangélique », issu des alphabets théurgiques grec et araméen, qui ressemblaient à l’écriture cunéiforme. Les kabbalistes se référaient à cet alphabet en tant qu’« écriture de l’œil », car les lettres étaient composées de bâtonnets et de petits cercles qui ressemblaient à des yeux.
— Des un et des zéros.
— Certains kabbalistes classaient les lettres de l’alphabet selon l’endroit où elles s’articulaient dans la bouche.
— Très bien. De notre point de vue moderne, on pourrait dire qu’ils établissaient une relation entre le caractère écrit et les liaisons nerveuses qu’il fallait établir pour le prononcer.
— C’est exact. En analysant la manière dont s’écrivaient différents mots, ils tiraient ce qu’ils estimaient être des conclusions profondes sur leur signification véritable et intrinsèque.
— D’accord, puisque c’est vous qui le dites.
— Dans le domaine académique, les théories, naturellement, sont loin d’être aussi fantaisistes. Mais beaucoup d’efforts ont été déployés pour tenter d’expliquer Babel. Non pas l’événement en soi, que la plupart des spécialistes considèrent comme un mythe, mais le fait que les langues aient tendance à diverger. Un certain nombre de théories linguistiques ont été élaborées pour établir une liaison entre toutes les langues.
— Et ces théories, Lagos a essayé de les appliquer à son hypothèse du virus.
— Oui. Il y a deux écoles : la relativiste et l’universaliste. George Steiner les résume ainsi : les relativistes ont tendance à penser que le langage n’est pas le véhicule de la pensée, mais son support déterminant. C’est le cadre de la connaissance. Nos perceptions de tout ce qui nous entoure s’organisent autour du flux de sensations qui passe par ce cadre. D’où l’idée que l’étude de l’évolution du langage ne fait qu’un avec l’étude de l’évolution de l’esprit humain lui-même.
— D’accord. Je vois à peu près l’idée. Et les universalistes ?
— Contrairement aux relativistes, qui pensent que les langues ne sont pas forcément liées les unes aux autres, les universalistes sont convaincus que, si l’on pouvait analyser suffisamment de langages, on s’apercevrait qu’ils ont tous certains traits en commun. Ils en analysent donc le plus possible, pour rechercher ces points communs.
— Et ils en ont trouvé ?
— Non. Chaque règle semble avoir son exception.
— Ce qui envoie l’universalisme au fond de l’eau.
— Pas nécessairement. Ils expliquent cette anomalie en disant que les traits communs sont trop profondément enfouis pour être analysables.
— C’est un élégant moyen de se dégonfler.
— Leur idée est que, à un certain niveau, le langage se forme à l’intérieur du cerveau humain. Et comme la structure de tous les cerveaux humains est plus ou moins la même…
— Le matériel est identique, mais pas le logiciel.
— Ce doit être une métaphore, et je ne la comprends pas.
Hiro double à toute allure une énorme caravane Airstream qui ballotte dangereusement d’un côté puis de l’autre sous le vent qui descend dans la vallée.
— Disons que le cerveau d’un francophone est le même, au départ, que celui d’un anglophone. À mesure qu’ils grandissent, cependant, ils sont programmés avec des logiciels différents. Ils apprennent des langues différentes.
— Oui. D’après les universalistes, donc, le français et l’anglais – ou n’importe quelle autre langue, au demeurant – doivent avoir en commun des caractéristiques qui plongent leurs racines dans les « structures profondes » du cerveau humain. Les théories de Chomsky partent du principe que ces structures profondes sont des composants naturels du cerveau qui lui permettent d’accomplir certaines sortes d’opérations formelles sur des chaînes de symboles. Comme l’explique Steiner en paraphrasant Emmon Bach, ces structures profondes finissent par sillonner le cortex de leur réseau infiniment ramifié et cependant « programmé » de canaux électrochimiques et neurophysiologiques.
— Mais elles sont si profondes que nous ne pouvons même pas les voir ?
— Les universalistes situent les centres d’activité de la vie linguistique – ou structures profondes – à de tels niveaux d’enfouissement qu’ils défient toute observation et toute description. Steiner utilise l’analogie suivante : essayez de remonter la créature des abysses de la mer, et elle se désintégrera ou changera grotesquement de forme.
— On en revient toujours au serpent. Et laquelle de ces théories avait la préférence de Lagos ?
— Je n’ai pas l’impression qu’il faisait beaucoup de différences entre elles. Tout compte fait, elles sont toutes les deux assez mystiques. Lagos était convaincu que les deux écoles de pensée, essentiellement, étaient arrivées au même point par des raisonnements divers.
— D’après moi, il y a quand même une différence essentielle, estime Hiro. Pour les universalistes, nous sommes déterminés par les structures préexistantes de notre cerveau – les chemins du cortex –, alors que pour les relativistes nous ne sommes limités en aucune manière.
— Lagos a modifié la théorie de Chomsky au sens strict en supposant que l’apprentissage d’un langage revient à installer un programme dans une PROM. C’est une analogie que je suis incapable d’interpréter.
— Elle est pourtant claire. Les PROM sont des puces de mémoire programmable en lecture seule. Quand elles sortent d’usine, elles sont vierges. On peut les remplir, mais une seule fois. Les informations qu’on leur insuffle sont alors définitivement figées dans la puce. Le logiciel s’est transmué en matériel. Quand on a rempli la PROM de données, on peut la lire tant qu’on veut, mais on ne peut plus rien y écrire. Ce que voulait dire Lagos, c’est que le cerveau humain nouveau-né ne possède aucune structure préprogrammée, comme l’affirment les relativistes, et que c’est au moment où l’enfant apprend à parler que le cerveau se structure. Le langage est « insufflé » dans le matériel et devient partie intégrante du cerveau profond, comme le disent les universalistes.
— Vous avez raison. C’était cela, l’interprétation de Lagos.
— Parfait. Lorsqu’il parlait d’Enki comme d’un personnage réel doté de pouvoirs magiques, il voulait donc dire, en réalité, qu’il comprenait, d’une manière ou d’une autre, la nature de la relation entre le langage et le cerveau, et qu’il savait manipuler ce dernier de la même manière qu’un hackeur qui comprend la nature intime d’un système informatique est capable d’écrire un programme pour le contrôler. Un nam-shub numérique, si vous voulez.
— D’après Lagos, Enki avait la capacité de s’élever dans l’univers du langage et de le voir sous ses yeux. Un peu comme les humains vont dans le Métavers. Cela lui conférait le pouvoir de créer des nam-shubs. Et les nam-shubs avaient la propriété de modifier le fonctionnement du cerveau et du corps.
— Pourquoi est-ce que plus personne ne fait ce genre de chose à notre époque ? Pourquoi n’y a-t-il pas de nam-shubs en anglais ?
— Comme le fait remarquer Steiner, les langues ne sont pas toutes pareilles. Certaines sont plus aptes que d’autres aux métaphores. L’hébreu, l’araméen, le grec et le chinois se prêtent plus facilement aux jeux de mots et se sont assuré une prise plus durable sur la réalité. « La Palestine avait Qiryat Sepher, la Cité de la Lettre ; la Syrie avait Byblos, la Ville du Livre. En comparaison, les autres civilisations paraissaient muettes ou, tout au moins, comme cela semble avoir été le cas en Égypte, relativement-ignorantes des pouvoirs créatifs et transformationnels du langage. » Lagos pensait que le sumérien était une langue extraordinairement puissante. Il l’était tout au moins à Sumer il y a cinq mille ans.
— C’était surtout une langue qui se prêtait au hackage neurolinguistique d’Enki.
— Les premiers linguistes, à l’instar des kabbalistes, croyaient en un langage mythique appelé le langage de l’Éden, celui d’Adam. Il permettait à tous les hommes de se comprendre et de communiquer sans risque de malentendu. C’était le langage du Logos, le moment où Dieu a créé le monde en prononçant une parole. Dans la langue édénique, nommer une chose équivalait à la créer. Pour citer de nouveau Steiner, « nos paroles s’interposent entre la compréhension et la vérité comme une vitre poussiéreuse ou un miroir déformant alors que la langue de l’Éden était comparable à une vitre sans défaut qui laissait passer la lumière de la compréhension totale. Dans cette optique, Babel représente une seconde Chute ». Et Isaac l’Aveugle, un kabbaliste des premiers temps, a écrit (je cite la traduction de Gershom Sholem) : « La parole des hommes est apparentée à la parole divine, et tous les langages, qu’ils soient de nature céleste ou humaine, découlent de la même source : le Nom divin. » Les kabbalistes pratiques, les sorciers, portaient le titre de ba’al shem, qui signifie « maître du nom divin ».
— Le langage machine universel.
— C’est encore une analogie ? demande le Bibliothécaire.
— Les ordinateurs s’expriment en langage machine, explique Hiro. Écrit en code binaire, avec des zéros et des un. À la base, tous les ordinateurs sont programmés avec des chaînes de zéros et de un. Programmer en langage machine, c’est contrôler l’ordinateur à partir de son tronc cérébral, à la racine de son existence. C’est la langue de l’Éden. Mais il est très difficile de travailler en langage machine, parce qu’on devient fou, au bout d’un moment, quand on opère à un niveau si infime. On a donc créé une véritable Babel de langages informatiques à l’usage des programmeurs : le FORTRAN, le BASIC, le COBOL, le LISP, le Pascal, le C, le PROLOG, le FORTH… On communique avec l’ordinateur dans l’un de ces langages, et un programme appelé compilateur le traduit en langage machine. Mais vous ne pouvez jamais savoir exactement ce que fait le compilateur. Ça ne sort pas toujours comme vous le vouliez. Comme une image vue à travers une vitre sale ou un reflet dans un miroir gauchi. Un hackeur qui connaît son métier en vient à comprendre le véritable fonctionnement intime de la machine. Il voit à travers le langage dans lequel il travaille et a un aperçu du fonctionnement secret du code binaire. Il devient, en quelque sorte, un ba’al shem.
— Lagos disait que les légendes sur la langue de l’Éden étaient en fait des versions déformées d’événements réels, déclare le Bibliothécaire. Et que ces légendes reflétaient la nostalgie d’une époque où les gens parlaient le sumérien, c’est-à-dire un langage supérieur à tous ceux qui sont venus après.
— Le sumérien était donc si extraordinaire ?
— Les linguistes modernes sont incapables de le dire vraiment. Comme je vous l’ai déjà expliqué, c’est une langue que nous avons du mal à saisir. D’après Lagos, il est possible que les mots n’aient pas été utilisés de la même manière à cette époque. Si la langue que l’on apprend dans son jeune âge influence vraiment le développement physique des structures du cerveau, on est peut-être en droit de dire que les Sumériens, qui avaient un langage radicalement différent de tous ceux qui existent aujourd’hui, avaient aussi un cerveau fondamentalement différent du nôtre. Lagos pensait que, pour cette raison, le sumérien était particulièrement apte à la création et à la propagation des virus. Et qu’un élément viral, une fois lâché sur Sumer, se répandrait avec une rapidité et une violence inouïes, jusqu’à ce que tout le monde soit contaminé.
— Enki le savait sans doute aussi, fait remarquer Hiro. Peut-être que son nam-shub, après tout, n’était pas une si mauvaise chose que ça. Peut-être que Babel est la meilleure chose qui nous soit jamais arrivée.